Le curé, la viande et le poisson

 

 

Le curé, le bifteack et le poisson

 

 

Nous sommes au début des années 1930.

Monsieur le Curé, ou plus exactement l'assureur Charles Chevallereau, a rejoint ce matin-là Ménard, de passage dans sa propriété d'Aubineau, près du Petit Niort.

Le problème d'assurance réglé, les deux hommes s'invitent à déjeuner chez Depeux, le métayer, au grand dam de la maîtresse de maison qui a préparé un plat de sauce de morue seulement pour la famille.
"Cela ne fait rien, dit Monsieur le curé, avant de venir je suis passé chez Courgeau (le boucher de Mirambeau)".
Il déplie alors l'épais papier jaune paille de l'emballage et étale sur la table un magnifique bifteack, à la stupéfaction générale; aujourd'hui est un vendredi saint.

Ce soir, à la lumière des cierges, dans son église dont les statues saintes auront été recouvertes d'un voile de deuil violet, Monsieur le Curé conduira, comme il le fait chaque année, la petite procession du chemin de croix.
A chacune des quatorze stations, il s'agenouillera, dira la Passion du Christ, fera une prière et entre deux stations, suivi des fidèles, chantera avec eux le Stabat Mater.

Auparavant, à son diner, Lucie sa bonne, lui aura cuisiné du poisson.

Charles Chevallereau s'était arrêté chez Courgeau le boucher uniquement pour avoir le plaisir de faire une bonne grosse plaisanterie, rien d'autre.

A tout péché... Miséricorde,...même pour un curé !

 

 
Interieureglise web 1
 

intérieur de l'église de St Ciers du Taillon
à l'époque du curé Charles Chevallereau

 

 

Jacques Lamontellerie

 
 
 
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